Les abus, qui par essence sont moralement inacceptables, sont la plupart du temps cachés.
C’est ainsi que les enfants abusés dans leur famille, vivent dans ce mensonge, dans cette distorsion entre la couverture sociale d’une famille apparemment parfaite et le chaos intérieur de cette même cellule.
Ainsi, de façon fractale, leur psychisme rentre en dissociation. Vivre, rire, être performant, et au-dedans, le grand vide, l’immensité de cette souffrance qui apporte tous types de désordres : alimentaires, addictions, sujets à la manipulation…Des vies vécues vides de sens et vides de sens…
Abuser sexuellement un enfant, c’est lui faire croire que le monde est ainsi, que c’est ça l’amour et peut-être même que c’est une histoire d’amour.
Et c’est surtout, le faire taire. C’est l’injonction au silence par la terreur.
Ainsi se crée des êtres immobilisés, étrangers au mouvement. Incapables de passer à l’action, ils vivent avec cette injonction intérieure, consciente ou inconsciente, de « tu ne bouges pas, sinon…», « tu te tais, sinon… » avec le doigt pointé, le regard transperçant, le ton qui monte, le corps écrasant, évidemment, et la réalité augmentée de toutes ses postures de corps, dans les yeux et le cœur d’un enfant pétrifié qui va s’absenter pour survivre.

De cette pétrification nait paradoxalement un mouvement incessant et névrotique, celui du trauma. Faire, faire, faire, et surtout ne pas se retourner, ne pas sentir. Ne jamais s’arrêter sous peine de ne plus pouvoir redémarrer…
Et ainsi des vies s’écoulent comme un fleuve sans source, comme des corps sans âmes…comme si de rien n’était.
S’ancrent le mensonge, le silence, et la peur, comme des états d’être.
Pas les petits mensonges de l’enfance mais les immenses mensonges de l’inconscient, ceux que l’on se fait à soi-même, ceux que l’on arrive à se faire croire et cette dissociation qui empêche de sentir et de se dire « ça ne va pas du tout d’agir de la sorte ! ».
C’est ainsi que le drame semé, se reproduit à l’infini, génération après génération, jusqu’à ce que mort s’en suive…
L’heure est venue de ne plus se mentir, de porter sa voix, de dire et se regarder avec bienveillance, compassion, et l’acceptation de nos pires actions passées.
Ne plus être coupable mais responsable de créer et d’écrire son système de valeurs.
Comprendre, pardonner et se pardonner enfin.
Renaître.
With Love
Emmanuelle